Manifeste pour un Management Augmenté

Le Management Augmenté sera la prochaine dimension du management.

Le Management Augmenté nous permet d’appréhender en profondeur nos équipes et nos collègues, d’être mieux informés, d’analyser données et situations, d’ajouter des dimensions supplémentaires à nos compétences et nous aide à prendre des décisions en meilleure connaissance de cause. En bref, l’idée est de saisir mieux la réalité des situations managériales.

Le Leader Augmenté vit dans un monde d’outils aux pouvoirs quasiment illimités, certains sont technologiques mais d’autres pas, comme les plateformes mobiles, les outils des neurosciences, les systèmes de géolocalisation, les algorithmes de base de données. Chacun voit ses capacités augmentées à un point parfois ingérable.

Nous devons réapprendre à manager. Mais manager quoi ou qui et comment ?

Et comment manager et diriger de façon éthique ?

Quelques exemples :

L’infobésité nous rend semblables à ces champions de bodybuilding, incapables d’utiliser vraiment leur musculature imposante. Nous manipulons trop d’information ; nous sommes incapables de maîtriser ce flux parce qu’il est trop pertinent (l’information de mauvaise qualité est facile à traiter, on la met à la poubelle). On ne cherche plus des aiguilles dans une botte de foin. En fait, nous cherchons à ordonner les poignées d’aiguilles (c’est à dire les informations de valeur) que nous recevons quotidiennement. Nous avons besoin de perdre du muscle pour redevenir humains. Nous devons accepter de ne pas voir certaines informations. C’est un défi managérial réel dans un monde où posséder l’information a été synonyme de pouvoir pendant des siècles.

La gestion du temps est devenue stressante, pour le manager et pour ceux qu’il dirige notamment à cause d’un rythme 24*7*365, permis par la nos plateformes mobiles car elles remplacent nos ordinateurs et nous permettent d’être connectés en permanence. S’y ajoute un sens souvent exagéré de l’urgence. Nous avons besoin de reprendre le contrôle de notre temps.

Nous savons que le BigData, c’est à dire la nécessité de travailler et d’interpréter des masses considérables de données, est une révolution en marche mais nous ne savons même pas clairement ce que nous pourrions en faire.
Le retour pour l’actionnaire nous obsède tant qu’il semble souvent être devenu la seule « valeur » et nous en oublions nos responsabilités éthiques, sociales et sociétales. Nous devons réinventer l’éthique, la confiance et le respect.

L’intelligence artificielle n’est pas qu’un outil formidable démultipliant nos capacités d’analyses et nous assistant dans nos décisions, c’est aussi une arme à dougle tranchant si nous ne l’utilisons pas avec la prudence nécessaire. Elle n’est pas exacte, elle n’a pas de conscience, elle a aussi ses bugs et ses biais. A nous d’être humains pour travailler en intelligence avec elle sans jamais lui laisser la responsabilité finale.

Beaucoup d’entre nous pensent que le leader d’aujourd’hui peut encore être un homme de la Renaissance, maîtrisant la plupart des techniques et aidant les autres à se projeter vers un avenir des plus brillants. Mais nous maîtrisons de moins en moins de choses, nous ne savons même pas à quoi un « avenir brillant » pourrait bien ressembler. Notre vision du futur est limitée, et souvent assombrie par les évolutions rapides et brutales de notre environnement. Nous avons du mal à être « Julesvernistes » c’est à dire délibérément positif quant à l’avenir des sciences et de notre aptitude à les maîtriser. Pourtant nous n’avons pas besoin de tout contrôler ou maîtriser ; nous devons accepter que nos équipes, nos outils, nos réseaux puissent justement nous dispenser de tout contrôler. Cela implique bien sûr que nos managers acceptent qu’ils n’ont pas l’omniscience et qu’ils ne sont pas des super-héros.

Le Dirigeant Augmenté aura donc plusieurs caractéristiques. Il ou elle saura utiliser ses savoir-faire, ses outils, sa sagesse réinventée, sa modestie redécouverte pour :

  • manager et développer des individus et des équipes dans un monde de rareté des talents, de chômage élevé, de situations sociales explosives, de travail virtuel et souvent anonyme, d’équipes dispersées, d’intelligence collective et de cultures collaboratives, d’individus obsédés par le développement de leurs « marques » personnelles.
  • se manager soi-même et son propre stress dans un monde où la confiance et le temps doivent être gérés avec la plus grande attention.
  • gérer l’empreinte environnementale, sociale, éthique, commerciale de son entreprise ou de son unité, dans un monde où la transparence, le pouvoir des consommateurs menacent les équilibres anciens au point de laisser partout fleurir des révolutions du jasmin (Le terme de révolution du Jasmin ne s’applique pas qu’aux pays arabes mais peut concerner tous ces mouvements sociaux où la classe moyenne exprime ses insatisfactions en descendant dans la rue).
  • gérer la surabondance d’information en sélectionnant ce à quoi il est vraiment « intéressé » en écartant ce qui est simplement « intéressant » tout en acceptant une dose nécessaire de sérendipité pour rester curieux et ouvert sur le monde.
  • vivre en permanence dans une culture beta, c’est à dire dans une culture où tout projet est par nature un essai dont la direction peut être modifiée bien plus tôt que prévu.

Le Leader Augmenté aura besoin d’être profond et bienveillant, à l’écoute du monde et des autres.

Nous considérons à l’Institut Boostzone que notre mission est de contribuer à libérer le Leader Augmenté dans chaque manager, de promouvoir le Management Augmenté dans toutes les organisations, de montrer que les pratiques collaboratives et l’intelligence collective peuvent changer le monde du management et donc la qualité de la vie dans les organisations.

L’ensemble de ces concepts est détaillé dans le livre de Dominique Turcq, le management augmenté.